19 raisons pour lesquelles il faut se préparer à l’après-COVID19

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19 raisons pour lesquelles il faut se préparer à l’après-COVID19

L’actuel stress social, politique et économique favorable aux acteurs corrompus
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24 avril 2020 | 8 Min de lecture |
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On avait le chiffre 40 en tête, comme dans quarantaine. Mais ce n’est nettement pas ça. La pandémie de la COVID-19 aura des effets perturbateurs à la grandeur de la planète pour encore longtemps. Très (trop!) longtemps. Et les contrats publics dans tout ça? Comme tout le reste, ils seront affectés par la crise. Mais en sachant ce qui nous attend, il y a moyen de se préparer (et de limiter) les risques et les vulnérabilités à l’horizon. On ne sait pas si ça va bien aller, mais en tout cas nous ferons tout pour apercevoir un bout d’arc-en-ciel!

Voici 19 raisons (pas nécessairement dans l’ordre) pour lesquelles il faut réfléchir dès aujourd’hui à ce que nous réserve l’après-crise.

 

#1. Carnets de travaux : surcharge, surchauffe?

Sous l’effet d’une hausse possible des investissements consécutifs aux subventions gouvernementales pour relancer l’économie locale, il y aura un démarrage canon des travaux. C’est d’ailleurs la préoccupation première qui est ressortie de notre sondage. 85 % des répondants ont notamment cité cet aspect. Ce que ça signifie? Une grande pression sera exercée sur les entreprises qui devront composer avec des carnets de travaux surchargés. Autre point d’intérêt : plusieurs villes publieront leurs appels d’offres en même temps à la reprise des activités. Même si certaines villes – comme Saint-Jérôme – n’ont pas arrêté leurs lancements d’appels d’offres, elles subiront les conséquences inévitables de « l’embouteillage » des chantiers à l’échelle de la province.

Avez-vous aussi pensé au fait que probablement seules les grandes entreprises pourront prendre le risque de soumissionner sur plusieurs appels d’offres à la fois? Eh oui, les plus petites entreprises devront avoir la prudence, malgré des carnets moins remplis, de ne pas remporter trop de contrats, sinon elles seront à risque de ne pas pouvoir les exécuter à temps. Cela pourrait favoriser les grandes entreprises et limiter la concurrence.

Comme les carnets de travaux seront surchargés, ça fera également plus de contrats à surveiller. Et qui dit multiplication de contrats, dit plus d’actions qui pourront passer sous le radar… Mais il y a des façons de s’y préparer! L’empressement à relancer les chantiers se fera dans la précipitation, mais absolument pas dans l’improvisation.

 

#2. Retards dans les échéanciers : course contre la montre!

Le redémarrage-choc des chantiers soulèvera de l’air. Le deuxième risque majeur que les répondants de notre sondage ont identifié? 3 sur 4 s’inquiètent des échéanciers de travaux qui seront prolongés, selon eux. Les entrepreneurs qui ont déjà pris des engagements pour plusieurs contrats verront leurs échéanciers décalés et risquent de manquer de temps pour exécuter tous les contrats avant les temps froids. Préparez-vous donc à faire face à des retards dans les travaux d’été qui pourraient ne pas être exécutés avant l’hiver.

 

#3. Retards dans l’approvisionnement des matériaux : naviguez avec prudence.

La troisième inquiétude nommée par nos répondants concerne les retards dans l’approvisionnement des matériaux. 2 sur 3 sont d’avis qu’il faudra prévoir de plus longs délais pour recevoir les matériaux nécessaires aux travaux, ce qui devrait avoir un impact sur les échéanciers. Plusieurs répondants nous ont mentionné de possibles ruptures de stock qui pourraient complexifier la fourniture d’équivalences permettant aux entreprises de répondre aux exigences des devis. Un point à garder dans votre mire : assurez-vous que les faiblesses des chaînes d’approvisionnement et les possibles dépendances à des sources uniques de produits essentiels ne réduiront pas trop la concurrence. En rédigeant vos devis, veillez à favoriser l’ouverture des marchés. Restez aussi alerte quant à la qualité des produits.

 

#4. Exécution des travaux : danger que certains tournent les coins ronds.

Dans l’après-crise, les entreprises voudront travailler à pleine puissance, c’est normal. Dans l’urgence, certaines pourront vouloir exécuter leurs contrats en mode turbo, ce qui pourrait mener à une diminution possible de la qualité des travaux. Votre meilleure précaution est d’augmenter votre niveau de vigilance en misant sur une surveillance de chantier rigoureuse supervisée par les techniciens et les chargés de projet des villes ainsi que par les firmes externes. Oui, une pression sur eux est anticipée, puisque plusieurs entrepreneurs souhaiteront qu’il n’y ait pas de ralentissements de travaux. Mais les surveillants de chantier ne devront pas céder d’un pouce! Même si les travaux sont réalisés en toute rapidité, il est essentiel que personne ne tourne les coins ronds au risque de voir apparaître des non-conformités. Le cap doit être maintenu sur l’application des meilleures pratiques, des systèmes de contrôle et de la gestion des risques. Rigueur, rigueur, rigueur!

 

#5. Hausse des prix des soumissions : prendre les bouchées justes.

De façon assez unanime, les répondants de notre sondage s’attendent à une augmentation des prix des soumissions. C’est fort plausible. Maintenant que l’on sait cela, y a-t-il un remède? Il est fondamental que vous preniez le temps d’évaluer le « juste coût » des produits et services offerts avant le lancement des appels d’offres, en tenant compte des nouveaux facteurs qui affectent le marché. C’est la manière la plus éclairée d’assurer une saine gestion des finances publiques. Une suggestion un peu audacieuse? Pourquoi ne pas demander à vos fournisseurs de faire acte de transparence et de dévoiler temporairement leurs prix coûtants afin d’éviter des gonflements de prix non justifiés.

 

#6. Mesures sanitaires : c’est du propre!

L’un de nos répondants a écrit ce commentaire : « La reprise soudaine des activités s’effectuera par phases et au milieu de mesures d’atténuation des risques de propagation du virus qui risquent de peser lourd sur l’efficience des chantiers. En outre, le succès relatif de ces mesures ainsi que les impondérables d’une pandémie dont plusieurs aspects nous échappent encore pourraient nous conduire à une seconde vague de personnes infectées qui aurait un impact négatif sur les chantiers publics. »

Tout à fait vrai. Il sera important que toutes les mesures sanitaires rendues obligatoires par le gouvernement soient rigoureusement appliquées. Dans ce contexte, les donneurs d’ouvrage, notamment les villes, devront prendre en compte le fait que certains contrats relèvent de soumissions qui ont été déposées avant la COVID-19 et, de ce fait, ne comprennent pas des calculs de prix reliés aux mesures sanitaires. Il ne serait pas équitable que les entrepreneurs soient pénalisés et doivent assumer ces frais et leurs conséquences.

 

#7. Fermetures d’entreprises : moins de concurrence

Comme si les décès humains n’étaient déjà pas assez bouleversants, plusieurs entreprises risquent aussi de ne pas survivre à la COVID-19. Atroce virus. De nombreux répondants de notre sondage ont fait état des désolantes fermetures d’entreprises à venir. Conséquence : il devrait y avoir une baisse du nombre de soumissionnaires, donc une diminution considérable de la concurrence dans certains marchés. Cette situation laisse entrevoir une asymétrie des forces dans les marchés. Il est à prévoir que certaines grandes entreprises en profiteront pour acquérir des concurrents en difficulté et, du coup, accroître leur pouvoir économique.

Quoi surveiller? Comme de nombreuses PME ne surmonteront pas la pandémie, assurez-vous que les entreprises survivantes ne resteront pas en activité au détriment des bonnes pratiques d’éthique, de conformité et de lutte anticorruption. Redoublez de vigilance dans l’application des règles d’octroi des contrats pour assurer l’ouverture des marchés et la libre concurrence. Petit coup de pouce bien intentionné : n’hésitez pas à sécuriser vos fournisseurs réguliers à risque de fermeture et à leur dire qu’ils continueront d’être payés normalement tant qu’ils exécuteront leurs contrats tel que prévu. Cela leur permettra d’ajuster leurs prévisions financières.

 

#8. Prix à la hausse : des scénarios très probables

« Dans l’inquiétude générale qui persistera durant de nombreux mois, plusieurs entrepreneurs augmenteront leurs prix de façon anormale ». Ce commentaire d’un répondant nous a été exprimé dans des mots semblables par plusieurs autres.

Nous résumons ici certains risques qui nous ont été rapportés :

  1. La reprise soudaine des travaux, les carnets surchargés et la fermeture d’entreprises risquent de se traduire par une rareté d’entrepreneurs disponibles. L’effet prévisible est une hausse des coûts des soumissions.
  2. Certains entrepreneurs pourraient vouloir instrumentaliser la crise et déclarer de fausses pénuries de matériaux ou de ressources pour gonfler leurs prix. Attention aux coups montés!
  3. La pénurie éventuelle de divers matériaux pourrait aussi avoir une incidence à la hausse sur les prix des soumissions. Comme plusieurs des soumissions sont déjà octroyées, il est probable que des coûts supplémentaires seront réclamés. Vous devrez vous assurer d’obtenir des justifications pour ces réclamations et évaluer la justesse des coûts. Pourquoi ne pas demander une reddition de comptes très détaillée pour éviter que d’autres coûts soient dissimulés à travers ces réclamations?
  4. S’il y a une augmentation des prix des produits d’importation (ex. : pièces de mécanique, équipements spécialisés), il se peut que certains types de contrats soient affectés en raison d’un rebondissement de la demande sur l’industrie locale – en 2008, une hausse des prix a été remarquée pour des fournitures en provenance de la Chine.

 

#9. Concurrence féroce : sauve qui peut.

Autre risque souvent mentionné : la flambée de concurrence. Les entreprises seront soumises à d’énormes pressions et jongleront avec de multiples problèmes tout en travaillant pour rester en affaires et regagner des clients dans un contexte de concurrence féroce. Où donner de la tête? Quoi prioriser? Comment pallier les manques de main-d’œuvre, d’équipement et de machinerie lourde?

 

#10. Main-d’œuvre : à court de bras?

En temps normal, quelque 20 000 postes dans l’industrie de la construction sont difficilement comblés au Québec chaque année. Imaginez avec la pandémie! L’un des sujets importants d’inquiétude qui est ressorti des commentaires de notre sondage concerne le manque de main-d’œuvre disponible, expérimentée ou pas. Cette pénurie de main-d’œuvre risque d’influer de plein fouet sur les échéanciers, les coûts des projets et la qualité des travaux.

 

#11. Volet juridique : cas de force majeure.

La COVID-19 aura des répercussions considérables sur les activités des entreprises et sur les mesures que celles-ci devront prendre pour y faire face. Comme plusieurs entrepreneurs invoqueront la notion de « force majeure » (article 1693 du Code civil) comme moyen d’exonération, les services juridiques des villes auront fort à faire pour évaluer les dossiers au cas par cas. Risques d’engorgement en vue de ce côté-là…

 

#12. Crime organisé, mafia & cie.

Saviez-vous que lors de la crise de 2008, 352 milliards $ provenant du trafic de la drogue ont été blanchis, selon l’ONU? Et pendant la récession de 2008-2009, la pègre en Italie a augmenté ses revenus de 40 % grâce aux prêts usuraires et à l’extorsion, selon l’agence Bloomberg. Historiquement, le crime organisé est bon profiteur et est habile à s’infiltrer dans l’économie légale en temps de crise majeure, et ce, en procédant notamment à des fusions-acquisitions d’entreprises qui sont en difficulté financière.

C’est difficile de repousser le diable, et encore plus de le détecter. Mais comme nous l’ont dit certains de nos répondants, il est important de garder à l’esprit que la mafia et des cartels peuvent se proposer comme « banques prêteuses alternatives » (prêt usuraire, shylocks) pour « dépanner » les entreprises en manque de fonds. Cette stratégie leur permet de prendre le contrôle de compagnies.

 

#13. Les extras : non, ce n’est pas « bar ouvert ».

Impossible de ne pas parler des extras. Dans l’après-crise, certaines entreprises (peu, on l’espère!) chercheront à trouver 500 raisons pour facturer des extras. Il vous reviendra d’être triplement attentif et de vous assurer que les entrepreneurs justifient tous leurs coûts supplémentaires. Pourquoi ne pas exiger une reddition de comptes très détaillée pour éviter que des coûts non justifiés soient dissimulés dans les réclamations? Il va sans dire que la surveillance des chantiers par les techniciens et chargés de projet sera la clé pour contrer les abus potentiels.

 

#14. Entrepreneurs et employés occupés : moins de dénonciations.

La corruption revêt des déguisements infinis. C’est tellement le cas que certains de nos répondants n’ont pas manqué d’identifier comme risque le fait que la pandémie obligera « à faire vite », ce qui laissera moins de temps aux entrepreneurs et aux employés municipaux de faire des dénonciations. Notre conseil? Rappelez l’existence de votre ligne de signalement et l’importance de bloquer les délinquances contractuelles au moindre indice. (Signalons qu’à la Ville de Saint-Jérôme, le BIPA a les antennes en mode détection et dissuasion depuis les débuts de la crise!)

 

#15. Nouvelles entreprises post-crise : qui sont-elles?

Au cours des prochains mois, gardez un regard attentif sur les transactions de fusions-acquisitions d’entreprises. Surveillez bien les nouvelles entreprises qui émergeront de la crise COVID-19 et identifiez-en les propriétaires véritables.

 

#16. L’effet bunker : méfiez-vous des tireurs de couvertures.

L’après-COVID19 nous laissera avec « des fragilités, des peurs et des émotions exacerbées qui pourraient motiver des décisions hâtives et des compétitions ». Commentaire on ne peut plus juste. Ne perdez pas de vue que certains entrepreneurs démontreront des « comportements de bunker », c’est-à-dire qu’ils pourront vouloir accumuler des ressources afin d’en priver leurs concurrents.

 

#17. Manque de liquidités : et si c’était vous…?

Pas besoin d’être devin pour prédire que de nombreux entrepreneurs entreront dans la phase post-COVID19 avec un genou par terre, la tête à peine sortie de l’eau. Ce que vous pouvez faire? Sans négliger d’aucune façon la conformité de votre reddition de compte, portez une attention particulière à vos délais de paiement et à vos délais administratifs, surtout avec les petites entreprises vulnérables.

 

#18. Fatigue et stress chez les employés : alerte à la vigilance!

Lorsque le redémarrage des travaux surviendra, les employés municipaux devront absorber le poids d’une étourdissante profusion de projets et travaux. Nécessairement, devant l’impératif de « faire au plus vite » en période de surcharge, ils montreront des signes de fatigue et de stress qui pourront réduire leur vigilance et augmenter leurs risques d’erreurs. Il sera important que les donneurs d’ouvrage veillent à les soutenir.

 

#19. Collaborer pour adoucir l’atterrissage.

Comme dans toute situation d’après-crise, d’après-catastrophe naturelle et de récession économique, l’après-COVID19 risque de mettre à l’épreuve les mécanismes anticorruption en place. Pas de temps à perdre!  Cherchez des façons de resserrer et d’améliorer vos mesures de conformité. C’est prévisible : guidés par leur instinct de survie, certains entrepreneurs risquent de montrer un relâchement de leurs valeurs d’intégrité. Vous devrez être rapides à réagir.

Les bureaux de surveillance et d’inspecteurs généraux comme le BIPA de Saint-Jérôme s’assureront, pour leur part, de faire front commun et de collaborer avec leurs pairs pour repousser les menaces de délinquances contractuelles, de collusion et de corruption dans leur ville respective.

Selon notre sondage, 96 % des gens du milieu croient qu’il est possible de diminuer certains risques et de déjouer des profiteurs dans l’après-crise. La nature humaine étant ce qu’elle est, l’après-COVID alimentera la convoitise. Les bureaux de surveillance et d’inspecteurs généraux auront donc un rôle important à jouer pour éviter les pièges potentiels et les retours en arrière vers les pratiques irrégulières.

 

Le sondage dont il est question dans cet article a été réalisé par le BIPA le 21 avril 2020 sur le LinkedIn de l’inspecteur général de la Ville de Saint-Jérôme; 46 personnes y ont répondu.

MERCI à tous ceux qui ont pris le temps de répondre à notre sondage et qui nous ont permis de produire cet article. Vous êtes des alliés fantastiques!

 

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Pour signaler toute irrégularité en matière de passation de contrats ou tout manquement à l’intégrité à la Ville de Saint-Jérôme :

ligne de signalement BIPA

450-431-0031