
5 BONNES PRATIQUES DU DONNEUR D’OUVRAGE UNE FOIS LE CONTRAT OCTROYÉ
27 avril 2021
Ne pas rester immobiles pour assainir l’immobilier
17 novembre 2021Bien évidemment que les mauvaises conduites, les pratiques douteuses et les abus dans les contrats municipaux, c’est une affaire sérieuse. Les tricheries minent les finances publiques, sapent la saine concurrence et découragent ceux qui se lèvent le matin pour décrocher des contrats honnêtement.
À défaut d’être un sujet de plaisanterie, la délinquance contractuelle qui fait souffrir peut-elle en même temps faire rire? L’humour peut-il être un outil de sensibilisation?
« Quand on parle de gestes malhonnêtes, de comportements déviants et de corruption, c’est déjà qu’on a compris des choses, qu’on y réfléchit, qu’on en est conscients. C’est un premier pas. L’humour n’enlève pas la gravité des faits, loin de là. Mais il a le pouvoir de dénormaliser et d’invalider. Il a quelque chose de rebelle. C’est une petite épice qui permet de voir une situation sous une autre perspective et même parfois d’exprimer l’indignation », explique l’inspecteur général de la Ville de Saint-Jérôme, Jacques Duchesneau.
L’humour – ou la caricature, l’ironie et le sarcasme – peut être un révélateur d’enjeux importants.
Dans les premiers mois qui ont suivi sa création, en 2017, le Bureau de l’intégrité professionnelle et administrative (BIPA) de la Ville de Saint-Jérôme a justement lancé une campagne sous le signe de l’humour pour faire la promotion de sa ligne de signalement auprès des employés et des citoyens de la Ville. L’idée était d’établir une relation de connivence avec eux.
« À quoi bon être le premier à le voir si on est le dernier à le dire! », disait l’un des slogans de la campagne en référence à la nécessité de signaler les abus.
Le BIPA est loin d’être le seul à penser que l’humour peut être tactique avant d’être farceur.
Pour amplifier les injustices
Dans un article qu’elle a publié en juin 2021 sur le blogue « The Global Anticorruption », Brooke Davies, une étudiante en droit de l’Université Harvard, suggère que « l’humour a un pouvoir unique pour faire comprendre les injustices et les absurdités ». Selon elle, l’humour bien utilisé ne doit pas avoir pour effet de banaliser l’injustice, mais plutôt de l’amplifier.
Elle poursuit en donnant l’exemple de l’activiste américain Saul Alinsky, qui a passé sa vie à pratiquer le community organizing en mobilisant diverses populations des États-Unis pour régler des problèmes du quotidien et inverser des rapports de force. Comme elle le dit, se moquer des malhonnêtes est une façon de leur dire : « Nous savons ce que vous faites, et nous savons que vous n’êtes pas invincibles. »
Ceux qui ont le réflexe de penser que l’humour a avant tout un rôle de divertissement doivent se poser ces questions : « Et si, dans certains cas, il était un canal fort et universel pour passer des messages que plusieurs n’entendent plus? » « Et s’il incarnait un rire qui ne doit plus appeler d’autres rires, parce que la malhonnêteté est un triste spectacle ? »
Ciment social
Boucar Diouf, que tous connaissent, compare l’humour à un ciment social et à un bouclier. Même en période de coronavirus, le rire est une bouée. « Le rire, dit le proverbe, c’est comme les essuie-glaces; ça n’arrête pas la pluie, mais ça permet d’avancer quand même. »
L’humour unit. Il peut être rassemblement et renforcement. Et l’humour ne laisse pas sa place pour mettre en scène ce qui nous fait rire jaune
Pensez-y deux secondes. Votre organisation a une ligne de signalement qui ne sonne plus? L’éthique est devenue une notion qui agace vos employés, car elle est servie à toutes les sauces? Les scandales de dépassements de coûts, de contrats truqués et d’extras trop salés font soupirer plus souvent qu’autrement?
Essayez les messages humoristiques. Ils rendent plus réceptif, semble-t-il. Et ils ont plus de chances d’être regardés, partagés et mémorisés.
Aussi simple que cela?
Le piège à éviter, bien sûr, est de ne pas pousser le bouchon trop loin. Alléger, oui, mais pas banaliser les inconduites.
Une bonne blague présente toujours le risque de devenir mauvaise et de tomber à plat selon le contexte et le public.
Une série Web sur la loi Sapin 2 : une drôle d’expérience
En France, en mai 2021, la Commission Gouvernance et éthique du Cercle Montesquieu a lancé des fictions juridiques autour de la loi Sapin 2 pour sensibiliser les employés à la lutte contre la corruption. « Corruption un jour, anticorruption toujours », c’est le titre qui a été donné à ces capsules. Leur trait distinctif? Des messages pertinents… et amusants.
Le mot de la fin?
On peut se permettre l’humour pour lutter contre la corruption lorsqu’il est justifié par des considérations d’utilité, de lucidité et de résistance.
L’important est de l’utiliser… le plus sérieusement du monde.
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Pour signaler toute irrégularité en matière de passation de contrats ou tout manquement à l’intégrité à la Ville de Saint-Jérôme :
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450-431-0031 |
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